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ENFIN LE BLOG TRAIL D'ALBAN !

ENFIN LE BLOG TRAIL D'ALBAN !

Transmartinique 2012 : 133 kilomètres de bonheur

Enfin Le Blog Trail d'Alban —
La TransMartinique est l’unique Ultra trail des Antilles. C'est la traversée de la Martinique du nord au sud sur 133km et 5250m de D+, une épreuve reconnue comme l’une des 30 plus belles courses du monde, un ultra-trail de référence définit par les spécialistes comme très difficile, 48% d’abandon en 2011.


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Une course redoutable, qui accueille cette année les meilleurs spécialistes de la discipline, Antoine Guillon, Christophe Lesaux, Patrick Bohard, Pascal Leray, Guillaume Lenormand...
Cette année la boue, les racines et surtout la chaleur tropicale ont été au rendez vous.
Heureusement voilà 4 jours que je suis à Saint Martin, un peu plus au nord dans les caraïbes, et je suis donc a peu près acclimaté.

Dès la descente de l'avion à Fort de France on se retrouve à 4 coureurs et on décide de prendre un taxi jusqu'à Grand Riviere au lieu d'attendre le bus prévu à 18h00 par l'organisation. Je fais donc connaissance avec un couple de francais vivant à la Guadeloupe et un francais venant de Guyane. Le temps passe vite, on arrive à Grand Rivière après des virages à n'en plus finir! Ils me propose de rester dans la maison familiale qu'ils ont reservée et j'accepte avec plaisir car l'idee initiale était de dormir dans le gymnase mis à disposition donc il faudrait être fou pour refuser !

Aprés une mini reco dans Grand Riviére et un délicieux espadon avalé en compagnie d'autres runners locaux, la nuit arrive vite. On tombe comme des mouches. Cette nuit sera très courte.

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On est déjà Samedi 1er decembre, 3h00 : le depart  de la 3è Transmartinique est donnée.
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La nuit est magnifique, la température juste parfaite, je suis bien, tellement heureux d'être là que j'oublis de remonter mes booster, attacher mon sac et refaire mes lacets ! je ne pense qu' à la grande aventure qui m'attend!

C'est parti, le rythme est tranquille, la journée sera longue!
Les premiers kilomètres avalés et on attaque de suite l'ascension de la montagne Pelée. C'est raide et certains passages nécéssite l'aide des mains, la température commence à descendre, et le brouillard monte, j'arrive à 1300m et sur le plateau tout devient hyper glissant. Je suis sur une mini trace où je ne voit pas où je pose mes pieds, je devient excessivement prudent!
Pas le moment de se faire une cheville! J'emmène un petit groupe de coureurs qui sont bien content que je leur ouvre la voie! En fait nous sommes sur le cratère du volcan.

Ca passe et on attaque les 500m de D- là encore c'est une vraie patinoire mais je suis concentré et reste vigilant. 1er ravito, Morne Rouge, tout va bien, je retrouve mes co équipiers du week end, on repart ensemble pour la seconde difficulté du jour, une montée bien raide dans la jungle suivi d'une descente bien technique pleine de racines et de virages sérrés, un vrai bonheur!
Le tout est entrecoupé de traversées de rivières bien raffraichissantes, il est 06h00 du matin, il fait 25ºc. J'arrive à Sainte Cécile. 5 minutes d'arrêt;

Et on repart dans la jungle pour un deuxième tour!
Le niveau de difficulté monte, surtout en descente: nombreux passages à pic, en rappel sur des cordes fixes, et quand y'a pas de corde, bien on se rattrape par où on peut: racines, arbustes, fougères de 5m de haut, arbres aux feuilles géantes, 3m de long, attention à pas choisir le spécimen aux feuilles bourrées d'épines sinon adieu les mains pour le reste de la journée...
Je perds un peu d'énergie mais quel bonheur de se prendre pour un Indiania Jones dans cette jungle exubérante!
Me voilà bientôt à Saint Joseph, 45è km et 10h de course déjà. Je suis 58è sur 200 coureurs au départ. Je suis un peu surpris de ma position sur ce 1er marathon, le plus relevé des 3. J'ai été prudent même si j'ai inévitablement laissé un peu d'énergie.

Je passe le contrôle médical obligatoire avec prise de tension, de température et du taux de sucre: les niveaux sont au top! Un repas, une micro sieste de 10 minutes et c'est reparti.
J'attaque mon 2è marathon. Sous un soleil de plomb cette fois.

Je pars pour une longue course en solitaire dans les plantations de bananes. Personne, je cours seul depuis Saint Joseph, j'essaie de garder un rythme de course qui me permet d'avancer suffisement vite sans perdre trop d'énergie. C'est un vrai labyrinthe, y'a des plantations à perte de vue, des milliers de bananes partout, c'est à devenir fou!
Quand enfin j'en sort, je m'arrête un moment afin de reprendre mes esprits!
Le Lamentin, km 60. 12h30 de course.
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Et c'est reparti pour un second round avec les bananes. 15 kilomètres jusqu'au Francois.
Je crois que je pourrais plus voir de bananes pendant 3 semaines. Je commence à ressentir un peu de lassitude. La journée s'achève doucement et le coucher de soleil sur les hauteurs du Francois est magnifique. J'ai une vue à couper le souffle sur la côte orientale de l'île.


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J'apprécie pleinement ce moment et oublie un peu la fatigue. Quel bonheur d'être là en ce mois de décembre, dans les Caraïbes, sur un ultra de toute beauté. C'est le pied! Et dire qu'il neige en métropole...
J'arrive au Francois, 75é km.

Dans la descente qui a précédée, j'ai rejoint un coureur avec qui je vais faire le bout de route suivant de nuit. Il est plus rapide dans les portions montantes mais je le rejoins sur les parties plates. Encore et toujours des bananeraies. Et des portions de routes bitumées à 25% de pente qui laissent des traces. La dernière grosse difficulté porte bien son nom: le chemin de Croix. C'est pas tellement la montée, certes ultra sèche mais ultra courte, mais la descente qui est un vrai calvaire. Je suis gagné par une grosse fatigue et la descente me semble interminable. Il est 23h00 quand j'arrive enfin au stade du Vauclin.
J'achève mon 2è marathon.

Au ravito je croise mon ami de Guyanne, avec qui j'avais fait un bon bout de chemin sur le 1er tiers de la course, mais il abandonne ici pour cause de grosses ampoules. J'y croise Karine du groupe également qui a l'air en forme, elle finira 7è féminime, mais j'apprends que son ami a arrêté au Francois. Quant à moi je refait le plein de ravito, micro sieste de 10 minutes et je repars avec mon comparse rencontré dans la descente du Francois. Direction Macabou. 
J'entame mon troisième et dernier marathon.

Direction les éoliennes, le parcours est encore valloné, je ne vois pas encore la mer mais je sens que je m'approche! Dernière descente, ca y est! Enfin, l'air iodé me ramène à la vie, le bruit des vagues est délicieux et casse un silence devenu entêtant et pesant, le ciel étoilé est juste splendide, courir sur la plage de nuit est magique! La lune éclaire cette première baie, c'est la première d'une longue série.

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Le jour se levant je découvre le paysage paradisiaque
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Un enchainement de plages-mangroves-sentiers côtier va se répété invariablement. Et invariablement la beauté des paysages va me faire oublier la fatigue, qui devient grande.
Je m'allonge 10 minutes un peu à l'écart, je ferme les yeux, je respire lentement, dans ma tête je repasse le film de cette folle journée, on est dimanche, la fin du voyage est prôche. Dans ma tête tout redevient calme, la boucle est bouclée.
Je me relève. La fatigue est extrême mais je peux maintenant finir tranquillement en appréciant chaque minute qui s'écoule. Un dernier ravitaillement. Ca y est, me voilà à Saint Anne. Il est 10h00 du matin, 31h de course, le soleil commence à chauffer sérieusement, je franchis la ligne d'arrivée en courant. Quel joie!

Quel bonheur de terminer la saison de cette manière. Une jolie 57è place sur 200. J'ai perdu beucoup de temps sur la fin mais qu'importe! On m'aurait promis ça 2 semaines avant j'aurais signé de suite.
Je suis dans les temps pour reprendre mon avion de l'après-midi et un groupe de militaires qui couraient sur le trail des Caps accepte de me déposer à l'aéroport. C'est nickel!
Le week end l'a été tout autant.
Je suis extrêmement épuisé mais très heureux, que d'images, de paysages incroyablement variés et de belles rencontres, j'adore le trail ! j'adore l'ultra !

Joyeux Noël et rendez vous en 2013 pour de nouvelles courses qui s'annoncent grandiose.

 
 
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T
Salut Alban ! Je viens de lire ton article et ça fait à la fois peur et envie ! Tu as l'air de t'etre bien éclaté, c'est cool. A très bientot j'espère.
Répondre
E
<br /> <br /> éclaté oui, dans tous les sens du terme! mais c'est sans doute la plus belle course de 2012, avec le Verbier St Bernard!<br /> <br /> <br /> <br />
S
yes!<br /> Bravo pour cette 57eme place, pour cette course, ce périple et enfin pour ce récit.<br /> Bien sur, tu vas me raconter tout çà dans autour d'une bonne bière tres bientot.<br /> bravo encore!<br /> Respect!
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E
<br /> <br /> merci... et sacré boeuf au Breughel samedi soir chouff chouff <br /> <br /> <br /> <br />